JUSQU'AU DERNIER SOUFFLE...

Publié le par Lisa Decamps

JUSQU'AU DERNIER SOUFFLE ...

 

 

 

 

 

 

Joseph Epstein à  sa femme et à son fils
Prison de Fresnes (Seine) - 11 avril 1944

 

 

 

"Ma petite Paula bien-aimée, Fidèle jusqu'au dernier souffle à mon idéal, cet après-midi à 15 heures, je tomberai fusillé. Je te laisse seule avec notre petit garçon chéri. Je ne pense qu'à vous deux. Je vous aime tellement, je t'aime tellement, ma petite chérie. Je te demande pardon de tout le mal que j'ai pu te faire. Tu m'as donné tellement de bonheur. Maintenant j'y repense; je revis ces instants de bonheur passés près de toi et près de notre petit garçon chéri. Sois courageuse, ma petite bien-aimée. Défends notre petit Microbe chéri. Élève-le en homme bon et courageux. Parle-lui souvent de moi, de son papa-car qui l'aime tellement, qui vous aime tellement. Mes derniers instants, je veux les consacrer à vous. Je te revois, avec notre petit trésor dans les bras, m'attendre à la descente du car. J'entends son rire, je revois tes yeux de maman l'envelopper de tant de tendresse. Je l'entends m'appeler "papa", "papa"! Soyez heureux tous les deux et n'oubliez pas votre "papa-car". Je saurai mourir courageusement et, face au peloton d'exécution, je penserai à vous, à votre bonheur et à votre avenir. Pensez de temps en temps un peu à moi. Du courage, ma Paula bien-aimée. Il faut élever notre petit garçon chéri. Il faut faire de lui un homme bon et courageux. Son papa lui laisse un nom sans tache. Aux moments de découragement, pense à moi, à mon amour pour vous deux, à mon amour immense qui ne vous quitte pas, qui va vous accompagner partout et toujours. Ma bien-aimée, ne te laisse pas abattre, tu seras à partir de 15 heures le papa et la maman de notre petit chéri. Sois courageuse et encore une fois pardonne-moi le mal que je t'ai fait. Te dis, ma Paula bien-aimée, tout mon amour pour toi et notre petit Microbe chéri. Vous serre tous les deux dans mes bras. Vous embrasse de tout mon coeur. Vive la France, Vive la liberté! "

 

 

Photo de Joseph Epstein, un des chefs de la Résistance

Photo: Auteur inconnu

Né en 1911 à Zamosc, en Pologne, Joseph Epstein appartient à une famille aisée de culture yiddish. Très jeune, il participe, dans les rangs du Parti communiste polonais, à la lutte contre le gouvernement autoritaire de Pilsudski. En 1932, il doit s'exiler et choisit la France. De 1936 à 1939, il combat aux côtés des républicains espagnols dans les rangs des Brigades internationales. A son retour il s'engage dans l'armée française ; fait prisonnier pendant la campagne de 1940, il est envoyé en prison outre-Rhin, s'en évade et rejoint la lutte clandestine eu France. En 1942, il organise l'ensemble des " groupes de sabotage et de destruction " (GSD), créés par les syndicats dans les entreprises travaillant pour l'occupant. En mai 1943, après une vague d'arrestations, il devient le chef des FTP de la région parisienne, sous le pseudonyme de " colonel Gilles ". Cette fonction militaire lui permet d 'instaurer une tactique de guérilla urbaine que mettent en oeuvre les FTP-MOI. Il est arrêté le 16 novembre 1943, à Évry-Petit-Bourg (Seine-et-Oisel), lors d'un rendez-vous avec Missak Manouchian, dirigeant militaire régional des FTP~MOI2. Il est fusillé au mont Valérien, le il avril 1944, avec vingt-huit autres résistants.

Source :  http://www.musee-resistance.com/officiel/actu/epstein.htm

Publié dans RESISTANCE-MEMOIRES

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L
Ce genre de lettres vous prend vraiment aux tripes et jusqu'au plus profond de l'âme!
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